Les critiques sont assez unanimes avec ce dernier sorti de Quentin Dupieux, le considérant même parfois comme l'aboutissement de son œuvre (ce qui veut déjà dire que son prochain film va se prendre dans la tête le retour du bâton et que les mêmes critiques trouveront que le cinéaste tourne en round). Perso, je ne suis pas d'accord. Le Daim n'est pas LE chef d'œuvre surréaliste de la décennie. Par contre, c'est un bon film.
Plus que par le mélange des genres et des tonalités du film (comédie abstraite, film de genre sur la folie, portrait d'un sérial-killer, tous ces thèmes abordés, mais au final à peine effleurés, à cause de la courte durée du film), la qualité du film réside dans cette fascination à voir que Dupieux continuer de creuser son même sillon et de développer ses thématiques propres (et ce, depuis son premier moyen métrage "Nofilm ») en arrivant à ne pas se répéter. Et c'est une nouvelle fois, le Cinéma avec un grand C qui est au cœur du film. Difficile de ne pas voir un autoportrait du cinéaste qui pour imposer sa vision du monde (ici être le seul homme à porter un blouson) doit se battre continuellement pour trouver des financements, lutter contre les figures imposées du cinéma français populaire (cf la scène de dialogue où l'un des acteurs du film dans le film dit à Georges que son film a l'air chelou, "mais non, c'est génial") et peut être même être pousser à faire de le choc (ou le buzz) pour exister. C'est vraiment cette double lecture qui fait l’intérêt du film. Par contre, une nouvelle fois, ceux qui ont lu que le film était hilarant vont tomber de haut. Il n'y a pas à proprement parlé de vrais gags dans le film et à part la courte séquence (visible dans la bande annonce) avec le serveur et le "cool", je n'ai pas lâché un seul sourire. L'humour vient du décalage entre notre réalité et celle où évolue les personnages, mais il n'est pas ravageur.
Pour finir quelques évidences, Jean Dujardin est énorme, Adèle Haenel est décidément une actrice avec beaucoup de talent et comme à chaque fois, la fin du film est brutale et expéditive.
Donc voilà, Le Daim n'est pas le grand chamboulement, Dupieux continue de faire du Dupieux. Mais, moi, ça me va, car j'adore cet univers, j'adore le fait d'être bousculer, j'adore partir dans un film dont je ne sais pas où il va m'emmener, quitte à risquer les fausses routes ou cul de sac. Tant qu'au cinéma pourront sortir des films de cette liberté, je me dis que la situation n'est pas encore totalement foutue.
Note 7/10