Le film est, en fait, facile à résumer : il s’agit d’une balade dans le Hollywood et le Los Angeles des années 60 fantasmés et fétichisés par Tarantino. En effet c’est quasi trois heures de clins d’œil, de références, de nonchalance dans lesquels le cinéaste injecte toutes ses thématiques habituelles et fantasmes sexuels (les pieds féminins entre autres), ainsi que son savoir-faire (avec notamment ces montées de tension progressives telle la séquence dans le ranch ou ce moment fou où il arrive à créer un suspense à partir de la question de savoir si un acteur va réussir à se souvenir ou pas de son texte). C’est certes un vain, mais je me suis pris au jeu et j’ai adoré me laisser promener dans ce film au rythme des voitures rutilantes, la radio à fond.
Concernant la fin, tout comme Inglorious Bastards, ce film revisite l’histoire et propose un dénouement différent de la tragédie de Sharon Tate en versant dans la traditionnelle violence extrême dérangeante (les rires dans la salle de cinéma lors de la scène de la piscine m’ont fait bizarre) faisant office de catharsis. Dans le fond, l’idée n’est pas mal (le film est de toute façon présenté comme un conte) et permet de surprendre le spectateur (même si je l’avais vu arriver, dès que Brad Pitt s’en va promener son chien). Par contre, je pense aux proches des victimes, cela doit être bizarre de voir leur drame ainsi revisité.
Reste aussi le souci de l’écriture des personnages féminins dans les films de Tarantino. Parfois sublimées ou mises en tête d’affiche dans certains films, dans les autres, le cinéaste a la mauvaise habitude de leur faire parfois subir des traitements extrêmes et violents (les 8 Salopards ou le premier quatuor du Boulevard de la Mort). Cela se confirme ici avec le final
et la violence subie par les hippies, difficilement supportable, mais présentée dans un mode quasi humoristique.
Idem pour le troisième personnage du film, à savoir Sharon Tate, qui traverse le film sans jamais s’incarner, comme un fantôme en devenir. On sent Quentin plus intéressé par la relation d’amitié masculine incarné par Cliff et Rick. Du coup, puisque j’y suis, il faut vraiment vanter la performance des deux, Leonardo DiCaprio est top, voire touchant parfois dans le rôle d’un acteur dépressif et effrayé de voir le déclin de sa carrière arriver si tôt, tandis que Brad Pitt transpire la classe, avec un personnage ambigu au passé trouble.
Bref Tarantino fait du Tarantino, mais il le fait bien une nouvelle fois. Jubilatoire, excessif et régressif, ce fut pour moi un chouette moment cinéphile, d’autant que derrière le vernis sophistiqué se trouve, encore une fois, une véritable déclaration d’amour du réalisateur au Cinéma !
Note 9/10