
C’est du Gomorra-like : même plongée dans l’univers de la criminalité napolitaine, même réalisation sèche, mêmes décors de ces banlieue totalement abandonnée aux malfrats, même beauté visuel et lumière magnifique, même saillis parfois à la limite du fantastique et du poétique (Nicola déguisé en fille pour aller tuer son ennemi). Un peu plus chaleureux que Gomorra (chaleureux comme un feu de buisson incontrôlé, on s’entend) grâce au personnage principal, qui reste humain malgré tout (son amour pour Letizia, sa volonté d’arrêter de racketter les commerçants), mais on sent que sa fascination pour l’argent et sa volonté d’intégrer monde consommation (les scènes dans le magasin de fringues) est plus forte que tout. En plus, le film joue habilement avec les codes de ce genre de films car on sait que cela va finir en tragédie, mais d’où cela va venir (trahison d’un membre du gang ? de l’amour de Nicola pour Letizia, de son jeune frère fasciné par la vie dangereuse de son frère ? d’un parrain plus puissant qui fera parler le sang) et l’incertitude dure jusqu’au dernières minutes.
Vraiment bon.

Après un Unbreakable que j’avais adoré plus jeune et un Split sympa, même si imparfait, j’attendais avec un délectation le troisième opus. Manque de pot, c’est une vraie pantalonnade.
Déjà, j’ai été surpris par la rapidité de la confrontation entre David et la Bête, à la suite à une rencontre extrêmement providentielle (Bruce Willis suit une théorie fumeuse de son fils, se promène au hasard dans un quartier et tombe sur Kevin/Dennis/Patricia/Barry/les autres). S’en suit une bagarre, puis l’arrivée de force de sécurité Dieu sait comment. Comment savaient-ils où aller ? Depuis combien ils attendaient que les deux allaient tomber de la fenêtre. Bref, ça commence assez mal, on dirait du Marvel.
Ensuite, il y a une terrible perte de temps d’une heure avec cette histoire de psychiatre qui tente de convaincre que le trio recomposé des 3 films n’ont aucun superpouvoir et que tout n’est que le fruit de leur imagination. Or nous, spectateur, nous savons qu’ils ont des superpouvoirs et que ce n’est pas le fruit de leur imagination. On nous fait donc assez malhonnêtement patienter. D’autant que les méthodes de la psy sont assez hallucinantes, comme faire appel à la seule survivante de la Bête pour lui parler, alors que la pauvre devrait être traumatisé à vie. Ou enfermer David et Kevin dans des chambres leur empêchant d‘utiliser leurs forces, mais les réunir tous les deux et , avec Elijah (Samuel L Jackson, toujours la classe) dans une grande salle normale !!

Malgré Garance Marillier épatante et de bonnes intentions, Grave est d’une rare débilité dans l'enchaînement de ces séquences, toutes forcées et très vite WTF, à l’image de son pitch de base : une végétarienne forcée de manger un foie de lapin lors d’un bizutage devient une cannibale incontrôlable. Le film, fier de lui, se termine avec un twist tout pété qu’on avait tous grillé dès que Justine découvre la crème anti-démangeaison dans l’armoire à pharmacie de sa sœur.
Grave est grave con…

Underwater est une très bonne série B qui assume à 100% son côté Alien sous l’eau. Pas exempte de défaut (les personnages font parfois de stupéfiants bonds d’un endroit à un autre, les attaques sous l’eau sont difficilement lisible) ou de personnages clichés ( l’héroïne forte et déterminé, le « comique » du groupe), sans même juste évoquer la présence de Vincent Cassel (cela devient épidermique pour moi, je ne supporte plus son jeu d’acteur), elle n’en a pas moins un divertissement énergique, sans temps morts, arrivant à créer un sentiment de claustrophobie lorsqu’il le faut et avec un créature géante à la Cthulhu réussie, proposant même une scène assez inédite et quasi-féministe où deux femmes sont obligées de trainer le seul homme blessé et semi-inconscient dans un environnement hostile.
Et, je ne veux pas faire mon chiant, mais d’après moi, il y avait de la place pour deux dans le module de sauvetage de la fin.

Un régal de film, pour moi l’un des meilleurs Truffaut, en tout cas un de ceux où tout s’accorde (le propos du film, son ton dramaturgique, son langage poli, sa mise en scène discrète aux effets parfois hyper retro, les magnifiques décors du pays de Galles), car comme cela se passe au début du XXème siècle, cela confère un charme vintage délectable, où peuvent s’exprimer les sentiments amoureux les plus extrêmes, sur une chasteté de baisers passionné mais bouche fermée, le tout étant porté par un Jean-Pierre Léaud fascinant, tout en jeu intérieur. Les mots sont beaux, plaisamment désuets, mais en même temps, le propos réussi à être moderne pour l’époque où le film est sorti, car on y parle notamment du clitoris, ce qui en 1971, date de sortie du film, a dû choquer. Truffaut réussi magnifiquement le concept du livre adapté en jouant constamment sur, les deux tableaux (cf la scène où la voix-off dit qu’Anne demande à Claude de fermer les rideaux, ce qu’il fait, alors que sur l’écran aucun dialogue n’est échangé).
Bref, un sacré bon bonbon sucré et vintage.